En 2025, les Français consacrent en moyenne 1 143 € par mois à leurs dépenses contraintes, soit environ 35 % de leurs revenus nets mensuels. Cette proportion, relativement stable par rapport à 2024, cache pourtant de profondes inégalités selon les profils socio-économiques, les générations et les régions. Ces dépenses — logement, transport, énergie, crédits, assurances, abonnements — ne sont pas facultatives, et elles laissent de moins en moins de place à l’épargne ou aux plaisirs du quotidien.
Cette pression constante s’explique par une hausse continue de certains postes clés, une stagnation des salaires et un contexte économique toujours incertain. Le dernier indice des dépenses contraintes des ménages par lesfurets confirme que le pouvoir d’achat des Français est bel et bien grignoté par ces charges incompressibles. Décryptage.
Des hausses qui passent (presque) inaperçues, mais pèsent lourd
Sur un an, le montant mensuel moyen des dépenses contraintes a augmenté de 10 €. Une progression qui peut sembler anodine, mais qui s’additionne à d’autres postes déjà très élevés. Le logement reste le poste numéro un, avec un coût moyen de 638 € par mois (loyer ou crédit). Derrière, on retrouve le crédit auto (189 €), les crédits conso (171 €), l’assurance santé (109 €), l’assurance auto (91 €), et les frais bancaires (35 €), en hausse de 12 % sur un an.
En parallèle, certaines dépenses ont reculé, comme le crédit immobilier ou auto, mais pas suffisamment pour alléger la pression globale. Ces évolutions reflètent les tensions économiques actuelles : inflation toujours présente sur certains postes, hausse des primes d’assurance, mais aussi nouvelles habitudes de consommation (abonnements, services numériques, etc.).
Un fardeau qui varie fortement selon les profils
Les Français ne sont pas tous égaux face à ces charges fixes. L’étude révèle que les 35-49 ans sont les plus exposés, avec des dépenses contraintes atteignant 1 472 € par mois, soit 46 % de leurs revenus. Pour les femmes de cette tranche d’âge appartenant aux catégories socioprofessionnelles modestes (CSP-), le taux grimpe à 55 %.
Les ménages les plus modestes voient jusqu’à 80 % de leurs revenus absorbés par ces dépenses. A contrario, les 18-24 ans voient leurs charges diminuer, notamment grâce à des loyers plus faibles (542 € en moyenne). Ce phénomène est lié à la taille plus réduite des logements mais aussi à l’effet « Tanguy », c’est-à-dire un retour ou un maintien plus long dans le foyer familial pour raisons économiques.
Chez les retraités, les dépenses contraintes sont les plus basses (898 €/mois), notamment grâce à des charges de logement plus faibles. Néanmoins, ils subissent un autre type de pression : les dépenses de santé, qui atteignent 150 €/mois en moyenne, bien au-dessus de la moyenne nationale.
Les disparités régionales : l’Auvergne-Rhône-Alpes en tête
Le poids des dépenses contraintes varie aussi selon la région de résidence. L’Auvergne-Rhône-Alpes est en tête du classement, avec un budget moyen de 1 278 € par mois, soit 39 % des revenus. L’Île-de-France suit avec 1 243 €/mois, puis la Normandie (1 235 €/mois), où les dépenses pèsent le plus lourd dans le budget (41 % des revenus).
Ces régions sont marquées par des coûts de logement élevés (jusqu’à 791 € en moyenne en Île-de-France) mais aussi par des transports plus onéreux (92 €/mois en AURA). À l’opposé, la Bretagne reste la région la plus « abordable » avec 949 €/mois, notamment grâce à un logement 15 % moins cher que la moyenne nationale.
Les abonnements de loisirs, un faux luxe ?
En parallèle, les abonnements de loisirs (streaming, sport, jeux vidéo, cinéma) sont devenus une habitude bien ancrée : 64 % des foyers français y consacrent en moyenne 63 €/mois. Si ce poste ne fait pas partie des dépenses contraintes dans l’indice, il représente tout de même une somme non négligeable.
Ce budget atteint même 111 €/mois chez les 25-34 ans. Or, 37 % des Français disent qu’il leur serait difficile, voire impensable, de se passer de leurs plateformes de streaming. Un signal fort : même sous tension budgétaire, certaines dépenses liées au confort et au divertissement deviennent elles aussi « incontournables ».
Vers une gestion plus fine des budgets du quotidien
Les dépenses contraintes dessinent une cartographie précise de la pression qui pèse sur les ménages français. Si elles évoluent lentement, elles représentent un socle rigide sur lequel il est difficile de faire des économies. À cela s’ajoutent les abonnements, qui, bien qu’optionnels, deviennent psychologiquement essentiels pour beaucoup.
Dans ce contexte, il devient stratégique de comparer régulièrement ses contrats (énergie, assurances, crédits), revoir ses abonnements, ou chercher des alternatives moins coûteuses. De plus en plus de Français s’y mettent, notamment via des comparateurs et services en ligne. Car si les dépenses contraintes ne peuvent pas disparaître, elles peuvent parfois être mieux maîtrisées.